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Législatives 2012 : appel aux candidats

vendredi 1er juin 2012

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Lettre aux candidats aux élections législatives des 10 et 17 juin 2012 relative à la reconnaissance de la langue occitane

L’Institut d’Etudes Occitanes
Association déclarée d’utilité publique membre
du Collectif du 31 mars 2012
de la Coordinacion « Per la lenga occitana »
de EBLUL-France
du Réseau Européen pour l’Égalité des Langues (ELEN)
de l’Association Rencontres inter-régionales des langues et cultures régionales
Club UNESCO
Interpelle l’ensemble des candidats aux élections aux législatives de 2012

Toulouse, le 19 mai 2012

Madame, Monsieur,

La préservation de la diversité linguistique et culturelle est un enjeu majeur pour l’humanité. La Déclaration de l’UNESCO sur la diversité culturelle l’affirme solennellement.

Comme pour d’autres langues dans d’autres territoires de France, la langue occitane est une expression d’identités et de cultures qui permettent le vivre ensemble par les liens intergénérationnels qu’elle tisse avec les réalités locales sociales et historiques et leur environnement naturel et géographique
La langue occitane est un catalyseur et la condition du développement harmonieux de notre territoire au service des hommes et des femmes qui y vivent, qu’ils y habitent de tout temps ou qu’ils soient venus au cours de leur existence en participant au projet de la collectivité.

La politique de déculturation et d’assimilation de nos territoires, trop longtemps conduite par un État central ignorant de la richesse de la diversité des langues et cultures des peuples au sein de la République, imposant une langue et une culture uniques ne peut pas apporter à la société les ressorts dont elle a besoin pour se prendre en charge elle-même.

Or, faute d’une politique publique et d’un statut légal, nos langues sont particulièrement menacées dans leur transmission et leur développement.

Certes, une certaine reconnaissance a été obtenue, dans l’éducation, dans les medias et la vie publique selon la tolérance ou le bon vouloir manifesté par les différentes autorités et les rapports de force locaux. Ces avancées sont dues au travail acharné de nos associations, à la prise de conscience de nos collectivités et à des capacités accordées par l’ouverture démocratique de la décentralisation.

La Constitution elle-même a été modifiée en 2008 pour affirmer dans son article 75-1 que « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ». Mais le Conseil constitutionnel en mai 2011 a considéré que cet article « n’institue pas de droit ou de liberté que la Constitution garantit ».

Aussi, aujourd’hui, cette reconnaissance d’une certaine diversité de la France, n’entraine aucune conséquence juridique et toute loi voulant garantir le droit à une langue régionale tombera sous le coup du principe « d’unicité du peuple français », ou du « français, langue de la République », c’est à dire d’une ethnicisation de la République au profit d’une seule langue.

Sans réforme constitutionnelle, une loi pour les langues régionales ne fera que consacrer l’infériorité de nos langues et cultures et entravera leur expression et leur développement.

Aujourd’hui, à travers le monde, les peuples aspirent à la démocratie. Ils veulent pouvoir vivre leurs langues et leurs cultures librement comme éléments essentiels de leur identité et de leur développement. L’égalité n’est pas dans l’uniformité, mais dans la reconnaissance de la diversité avec les mêmes droits, conformément au principe démocratique du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

La République française est le dernier État en Europe à refuser la reconnaissance effective en droit des différentes langues de ses territoires. Et il est temps que la France intègre les principes démocratiques fondamentaux communs à l’ensemble des pays européens au lieu de s’arque-bouter sur une exception française monolingue gravement préjudiciable à l’épanouissement de sa population dans une société que nous voulons plurilingue et ouverte sur le monde.

POUR UNE RÉPUBLIQUE PLURIELLE

C’est pourquoi, nous vous demandons en conformité avec les principes fondamentaux des droits de l’homme, de vous engager à instituer une République démocratique reconnaissant la diversité culturelle et linguistique dont elle est composée comme principe de droit :
1) en modifiant la Constitution, pour affirmer que la République, à côté du français reconnaît, protège et promeut la diversité des langues de ses territoires et les droits de leurs locuteurs.
2) en ratifiant la Charte des langues régionales ou minoritaires du Conseil de l’Europe, référence démocratique commune à l’ensemble des pays européens,
3) en mettant en place une loi cadre permettant d’adopter, pour chaque langue territoriale et donc pour l’occitan, les dispositions légales, réglementaires et conventionnelles adaptées, pouvant aller jusqu’à la co-officialité, en concertation avec les collectivités territoriales et les organismes de la société civile, pour assurer la pérennité et le développement des langues régionales ou territoriales
.

Pour l’ensemble des langues « dites régionales », et plus particulièrement pour la langue occitane pour votre circonscription, nous vous demandons de nous faire connaître votre engagement pour demain en tant que député(e), pour les 3 points évoqués ci-dessus.

Nous vous demandons de renvoyer votre réponse par email à direccion@ieo-oc.org (ou par lettre à IEO, Ostal d’Occitània, 11 rue Malcousinat, 31000 Toulouse)

En vous remerciant pour l’intérêt que vous portez aux questions relatives à la socialisation de la langue occitane et dans l’attente de votre réponse, je vous prie de croire, Madame, Monsieur, à l’expression de mes sentiments distingués.

Pierre Bréchet
President de l’IEO


PS : L’IEO a été, au sein de la Coordination ¨Per la lenga occitana”, l’organisateur de la Manifestation du 31 mars 2012, à Toulouse, qui a rassemblé 30000 personnes venues des 32 départements occitans, des Vallées occitanes d’Italie, du Val d’Aran et de Catalogne où l’occitan est langue officielle.

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