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ELEN : compte rendu de la réunion du 13/03/2013 a Genève

Table ronde sur les droits des minorités linguistiques organisée, le 13 mars 2013, au Palais des Nations à l’ONU (OHCRH) à Genève.

ELEN : compte rendu de la réunion du 13/03/2013 a Genève

Le réseau ELEN/EBLUL‐France, représenté par Alexis Quentin de l’Institut d’Etudes Occitanes, a assisté en tant qu’ONG membre Ecosoc à la table ronde sur les droits des minorités organisée sous l’égide des Nations Unies à Genève par l’experte indépendante des Droits de l’Homme pour les minorités, Rita Iszak, entourée d’experts internationaux sur les langues minoritaire et des peuples indigènes, du président du secrétariat de la
Charte européenne pour les langues régionales et minoritaires membre du Conseil de l’Europe et de la représentante de l’UNICEF.

Le but de la conférence était de discuter des moyens les plus efficaces sur le terrain pour défendre les populations dont les langues minoritaires sont de plus en plus menacées de disparition dans le monde actuel, sous la pression des politiques des Etats et de la pression des populations majoritaires à travers l’économie, les medias et les systèmes éducatifs. A ce propos l’expert Fernand de Varenne souligne que dans ce cas de figure les Etats ne sont jamais neutres.

Les experts insistent sur le fait qu’il y a un intérêt évident à défendre ces langues minoritaires et de promouvoir le bilinguisme officiel avec la langue de l’Etat considéré, du point de vue de la culture, de l’éducation pour les enfants (UNICEF) mais aussi de économie pour les populations concernées et enfin comme une condition nécessaire pour le fonctionnement de la démocratie, car tous les intervenants ont insisté sur ce point respecter et promouvoir les langues minoritaires est un des droits de l’homme,
fondamental, inaliénable et universel.

L’intervention du représentant d’ELEN/EBLUL‐France souligne la difficulté en France de faire respecter ce droit de l’homme en l’absence de reconnaissance légale ou constitutionnelle des minorités nationales du pays et de la non‐ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires - la France ne reconnaissant que des droits individuels et non collectifs et ne reconnaissant qu’un peuple français.

Cette vision à la française est pleine de contradictions avec la réalité aux yeux des experts et de nombreux représentant d’Etat présents restent perplexes quant cette définition. Très souvent les Etats, au contraire de notre pays, reconnaissent leurs minorités et leurs langues qu’ils soient unitaires ou fédéraux.

La France est aussi en contradictions sur ce point avec avec le droit international. Le concept même d’"égalité" des droits à la française est en deça de l’"égalité" ou "equality" telle qu’on la trouve dans les grands textes internationaux protégeant les droits de l’homme.

La France pratique une véritable discrimination à l’égard des locuteurs des langues régionales et cela est vu comme tel par les observateurs étrangers notamment dans le monde anglo‐saxon.

Il est donc recommandé aux défenseurs des langues régionales de France de continuer leurs démarches auprès des instances internationales comme les Nations Unies et le Comité des droits de l’homme pour faire valoir leurs droits légitimes car nous parlons bien de droits de l’homme universels et inaliénables dont la responsabilité incombe aux Nations Unies.

Lors du débat il est apparu que le blocage français actuel au niveau des institutions est avant tout idéologique et ne reçoit pas beaucoup de compréhension et de bienveillance de la part de nombreux pays étrangers notamment anglo‐saxons et même au delà (Chine, Inde, Russie, etc). Il ressort clairement du débat que les termes de minorités, minorités linguistiques, peuples indigènes recouvrent en fait les mêmes droits : il s’agit en fait de la même problématique dans le monde entier.

Si ce droit n’est pas respecté par un Etat, cela veut dire qu’il y a un problème de démocratie dans le pays et il s’agit d’une discrimination. Il faut travailler dans le long terme auprès des Nations‐Unies pour améliorer les
situations. Il a même été évoqué auprès de l’experte indépendante Rita Iszak la nécessité d’un traité international sur la protection des minorités qui donnerait des obligations aux Etats signataires, force que n’ont ni la charte européenne ni les autres conventions des droits de l’homme, qui sont moins contraignantes.

A. Quentin
Paris, 20/03/2013

 
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